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LE PLAISIR AU TRAVAIL ?

 

Le travail n’a pas toujours eu la place centrale qu’on lui donne aujourd’hui.

Dans les temps anciens le travail était réservé aux esclaves et aux serfs. Dans la Grèce antique, les citoyens notables ne travaillaient pas, ils discutaient politique ou philosophie.

Au Moyen-âge, seuls les paysans et les artisans travaillaient voire trimaient pour une misère. Mais, avec l’arrivée des bâtisseurs de cathédrales, des corporations professionnelles s’organisent offrant alors une protection à l’individu, un sentiment d’appartenance et une structuration sociale.

Au XIXème siècle, avec l’ère industrielle, se multiplient les ouvriers d’usine qui assurent des tâches manuelles pénibles dans des conditions de travail et de vie très dures que cela soient dans les mines de charbon de fer, sidérurgie, coulage de la fonte, textile.

Le XXIème siècle apporte la recherche de la quantité avec l’introduction de la mécanisation et avec elle le modèle Taylorien du travail à la chaîne. Le travail devient alors parcellaire, en miettes puisque chaque geste de l’ouvrier est découpé et est repositionné sur un poste de travail. Ce modèle d’optimisation de la production introduit alors la monotonie et l’ennui. A la sortie de la guerre, la notion de travail se modifie et il apparaît alors comme le moyen privilégié de reconstruire une société sortant de la guerre, de développer des techniques nouvelles pour assurer le progrès, d’accéder au confort à un niveau de vie supérieur (chauffage centrale, voiture, vacances, retraite).

Ces diverses aspirations donnent enfin un sens au travail et ôtent ainsi la pénibilité du travail. Le travail fournit aussi un salaire régulier, sécurise par la mensualisation et le CDI. Le travail permet alors de gagner sa vie mais en plus il devient essentiel, intrinsèquement puisqu’il apporte avec lui d’autres fonctions sociales et psychologiques : vu comme nécessaire socialement, comme un moyen pour le travailleur de développer ses compétences, de se réaliser personnellement. Le travail devient alors central dans la vie puisqu’il apporte revenu, reconnaissance sociale, autonomie, développement et réalisation de soi.

Cependant, à travers les crises économiques successives (1995-2003-2008), il semble que les conditions de réalisation du travail se soient modifiées avec le spectre d’un chômage persistant, de longue durée qui s’ajoute aux restructurations. Ces divers éléments font que l’on s’accroche alors à des conditions de travail plus dégradées pour garder son travail (acceptation de travailler à la hausse pour un salaire inchangé comme chez…..), des délocalisations, des reconversions d’activités forcées et une prolifération de petits boulots, de petits contrats CDD.

La nouvelle configuration du travail devient précaire en créant une incertitude du lendemain. Mais cette situation ne peut durer : on ne peut donner le meilleur de soi-même sans reconnaissance et les tensions qui s’accroissent entraînent des effets très négatifs sur le plan de la santé: le stress entraînant fatigue, épuisement avec des possibilités de Burn out ou de recours à des dépendances (alcool/drogue/etc…) comme moyen compensatoire, risque de suicides etc…

Le travail peut donc entraîner ce que l’on appelle de façon plus générale mais qui regroupe l’ensemble de ces divers maux : les risques psychosociaux.

Les employeurs ont tout intérêt à garantir un bien être à leurs salariés dans la mesure où il contribue à la productivité  et à la rentabilité. Reste donc à définir ce qui peut rendre « heureux » l’homme au travail malgré ce contexte économique.

On peut alors pour le définir se rapprocher des notions psychologiques où le travail doit faire sens, donner un but, des valeurs, des idéaux qui orientent les attitudes et les conduites des individus et une intégration de l’individu. Ainsi selon, Jesper Isaken, 8 caractéristiques du travail donnent du sens : une possibilité de s’identifier à son travail et à son milieu de travail, à la possibilité d’avoir de bonnes relations avec les autres et de se préoccuper de leur bien-être, le sentiment que le travail est utile et qu’il contribue à l’accomplissement d’un projet important, le sentiment que le travail accompli est important pour les autres, qu’il est bénéfique pour autrui, la possibilité d’apprendre et le plaisir de s’accomplir dans son travail, la possibilité de participer à l’amélioration de l’efficacité des processus et des conditions de travail, la possibilité de participer à l’amélioration de l’efficacité des processus et des conditions de travail, le sentiment d’autonomie et de liberté dans l’accomplissement de son travail et enfin le sentiment de responsabilité et de fierté du travail accompli.

Pour reprendre ces diverses notions, on retrouve la notion d’utilité du travail (faire quelque chose qui serve à quelque chose), de contribution sociale dans la mesure où je fais quelque chose d’utile à la société et aux autres, une rationalité du travail (qui est fait de manière efficace, objectifs clairs, atteindre les objectifs fixés), qu’une charge de travail permette de respecter l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle, une autonomie où on peut utiliser son jugement pour résoudre des problèmes, de prendre des initiatives pour améliorer ses résultats, une liberté de s’organiser de la manière dont on la juge la plus efficace, qu’un sentiment d’avoir de l’influence puisse émerger, un esprit d’équipe, une santé et sécurité et enfin dans la possibilité que son travail, compétences, résultats puisse être reconnus par sa hiérarchie. Au travers de ces éléments, il s’agit que le travail puisse être une source de satisfaction et de développement personnel malgré un environnement économique qui n’est pas favorable au salarié.

Articles issues du Journal des psychologues, dec 2010.

Patricia, le 04/01/2017

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