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 L'influence de l'alcool dans la violence conjugale

 

 

Lundi dernier, comme beaucoup d’entre vous, j’ai regardé le film « L’emprise ». Ce film racontait l’histoire vraie d’une femme – Alexandra Lange – mère de 4 enfants qui a tué son mari après avoir subi pendant 12 ans un mari violent et manipulateur. Cette femme a été acquittée à la demande de l’avocat général Luc Frémiot. La légitime défense ayant été reconnue. L’avocat général condamne la justice et la Société qui n’ont jamais protégé Alexandra Lange.

 

« Mettez vous à sa place, je vous le demande, je vous l’implore. Vous devez le faire aussi. C’est ça aussi être Juge. Il faut que je vienne demander condamnation ? L’avocat de la Société qui viendrait demander condamnation? Au nom des Grands Principes? On ne tue pas !  Alexandra Lange a toujours été seule, elle a toujours été seule. Moi aujourd’hui, je ne veux pas la laisser seule et je suis à ses côtés. Vous n’avez rien à faire dans cette salle d’assise et c’est la Société qui vous parle : Acquittez-là »  ( http://videos.tf1.fr/sept-a-huit/l-emprise-apres-la-fiction-revivez-le-vrai-proces-d-alexandra-8554887.html?xtmc=l%27emprise&xtcr=4)

Ce film m’a bouleversé et m’a donné envie de rédiger un article sur l’influence de l’alcool dans la violence conjugale

                        

Après des recherches et beaucoup de lectures, voici ce qu’il en ressort.

 

L’alcool : une excuse

 

Beaucoup d’hommes prennent l’excuse de l’alcool MAIS si l'abus d'alcool peut déclencher la première crise de violence ou aggraver les suivantes, en aucun cas, il ne l'explique ni la justifie. Un homme violent avec sa compagne le sera toujours quelques soient les circonstances, tant qu'il ne réalisera pas qu'il est la source du problème.

 

Il va chercher les raisons de ses gestes à l’extérieur de lui-même. Il va notamment essayer de trouver dans sa consommation abusive d’alcool une excuse ou une explication à ses actes violents. L’alcool devient dans son esprit – et souvent aussi dans celui de ses proches – la raison de sa violence. L’alcool devient un « bouc émissaire » qui évite à chacun de chercher ce qui dans la dynamique relationnelle de la famille et du couple permet la répétition de ces violences. Sa violence n’est donc pas causée par la consommation d’alcool, mais par l’incapacité de gérer quotidiennement ses frustrations.

                  

Avec l’alcool, la personne pourra avoir plus facilement tendance à se mettre en colère et à réagir de manière agressive. En général, plus on boit plus on est colérique et impulsif. De légers énervements peuvent alors se transformer en explosions d'agression, soit verbale soit physique.

 

D'autre part, sous l'influence de l'alcool, la personne pensera moins aux conséquences à long terme, ce qui peut favoriser des comportements impulsifs ou agressifs.

 

De plus, les personnes qui boivent beaucoup d'alcool depuis longtemps peuvent parfois manifester de la jalousie alcoolique. C'est principalement chez les hommes que cette forme de jalousie se rencontre. Ils sont alors convaincus que leur partenaire les trompe et trouvent un élément plutôt absurde qui, soit-disant, le prouve. Les autres se rendent généralement vite compte que les preuves avancées n'ont aucun sens. Mais il faut néanmoins être très vigilant car cette jalousie alcoolique peut s'accompagner d'une explosion d'agressivité soudaine vis-à vis du partenaire «infidèle».

 

Alcool et Violence

 

Une première remarque qui peut sembler évidente, mais reste fondamentale car souvent oubliée : tous les hommes qui se trouvent sous l’influence de l’alcool n’ont pas recours de façon répétée à la violence envers leur entourage. La consommation d’alcool et le recours à la violence sont deux problématiques à la fois distinctes, proches et complémentaires qui n’ont pas forcément des liens de causalité.(1)

 

L'extrême complexité de la relation alcool et violence est de mieux en mieux établie, sa variabilité selon les individus et les circonstances également

D'une manière générale, il est difficile de mesurer ce phénomène et de comparer les différentes études tant les limites sont difficiles à définir, qu'il s'agisse de la nature des violences (violence physique et/ou verbale, harcèlement...) ou du cadre dans lequel elles s'exercent (intra familial, en société, sur la route, ...). La difficulté vient également de la façon d'effectuer les études (téléphoniques, auto questionnaire, questions en vis-à-vis, etc.). (2)

 

 

L'alcool fait effectivement partie de la scène criminelle dans une importante proportion de violences. Une femme ayant un conjoint fréquemment ivre voit sa probabilité d'être victime de violences conjugales multipliée par 15 par rapport à une femme dont le conjoint ne l'est jamais.

 

Dans une vaste étude rassemblant plus de 9 300 dossiers judiciaires de 11 pays, il apparaissait que 62 pour cent des délinquants violents avaient consommé de l'alcool juste avant ou pendant leur délit.

 

Du côté des victimes, l'alcoolisation peut les rendre plus vulnérable aux agressions, voire les provoquer : divers rapports indiquent que lorsque les victimes ont contribué à leur agression (par exemple, en insultant leur agresseur), elles avaient elles-mêmes souvent bu de l'alcool. (Laurent Bègue – Institut Universitaire de France / Université Pierre Mendès-France, Grenoble. (3)

 

Constat:

 

En France, durant les neufs premiers mois de l’année 2006, il y a eu 113 homicides entre partenaires intimes d’après le ministère délégué à la Cohésion sociale et à la parité. L’alcool était présent lors du quart de ces faits. Dans 83% des cas, la victime était une femme. (Intervention de Etienne Apaire, Président de la MILDT)

 

Une étude :

 

Les résultats de l’étude VAMM1 : Etude Evaluative sur les Relations entre Violence et Alcool Laurent BEGUE, Pr, Institut Universitaire de France / Université Pierre Mendès-France, Grenoble.

et le groupe VAMM : Philippe Arvers, Baptiste Subra, Véronique Bricout, Claudine Pérez-Diaz, Sebastian Roché, Joël Swendsen, Michel Zorman.

 

L’enquête épidémiologique Violence Alcool Multi-Méthodes (VAMM) avait pour but de décrire pour la première fois de manière approfondie en France l’association entre les consommations d’alcool et les violences agies et subies en population générale.

 

35% des auteurs d’agressions dans la famille avaient consommé de l’alcool dans les deux heures qui précédaient. Contrairement à d’autres enquêtes internationales, aucun lien significatif n’a été observé entre l’alcoolisation habituelle et les violences dans la famille (qui sont davantage le fait des hommes, et des personnes aux tendances agressives chroniques ayant un faible autocontrôle). Il se pourrait que cette absence de relation résulte du très faible nombre de violences intrafamiliales enregistrées dans notre enquête.

 

Focus sur les femmes victimes de coups et blessures

 

9.6% des femmes de l’échantillon avaient été victimes de coups et blessures durant les deux années précédant l’enquête. Par rapport aux femmes qui n’avaient pas subi de coups et blessures et indépendamment de leur âge, les victimes buvaient plus fréquemment plus de 5 unités d’alcool en une occasion, avaient un niveau d’agression chronique plus élevé, avaient eu davantage de difficulté sociales dans le passé et davantage vécu des périodes de solitude associées à des événements vécus par des proches (changement de pays, conflit grave, incarcération …) (4)

 

 

(1) http://www.suchtschweiz.ch/DocUpload/dep_23_anglada.pdf

 

(2) http://www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/DPAlcoolViolence.pdf

 

(3) http://www.cerveauetpsycho.fr/ewb_pages/a/article-l-alcool-rend-il-violent-18733.php

 

(4) http://www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/DPAlcoolViolence.pdf

 

 

Rappelons que chaque année, plus de 216.000 femmes sont victimes de violences conjugales, et que seules 16 % portent plaintes. En 2013, 121 femmes sont mortes, victimes de leur compagnon ou ex-compagnon, d'après le ministère de l'Intérieur...

 

N’oublions pas que la violence conjugale existe aussi sur des hommes. En 2013, 26 hommes en sont morts.

 

Les victimes de la violence conjugale ont représenté près de 20% des homicides de toute nature répertoriés au cours de l’année écoulée, selon cette étude du ministère de l’intérieur.

 

Catherine Ménabé, - doctorante en droit pénal et sciences criminelles à l'Université de Lorraine - rappelle pourtant qu'une victime sur cinq de violences conjugales est un homme et qu'un homme décède tous les 10 jours en raisons des violences - physiques ou psychologiques - au sein de son couple.

 

Autre chiffre: 3.500 hommes ont déposé plainte pour violences conjugales en 2010, contre 16.000 femmes, selon Mme Ménabé, qui précise que les hommes portent peu plainte car "ils pensent que ça ne sert à rien", "ne veulent pas que cela ait des conséquences sur la garde des enfants" ou "ne veulent pas que ça se sache".

 

Pour les femmes, voici le numéro de téléphone à connaître : 3919

Pour les hommes : 0951 73 44 94 ou SOSHommesBattus@yahoo.fr

 

https://www.facebook.com/pages/Hommes-Battus-SOS-Rejoignez-nous/531484570264006

 

http://soshommesbattus.over-blog.com/

 

 

                    

Des informations pour tous sur le site « Service Public » : http://vosdroits.service-public.fr/particuliers/F12544.xhtml#N1008A

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