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L’addiction le symptôme d’un agir.
Depuis que je suis à Capitole, une question me traverse l’esprit pourquoi l’addiction et pourquoi l’alcoolisme ?
Pour répondre à cette question, je me suis penchée dans la littérature traitant de ce sujet mais les réponses que j’ai trouvées sont très variées selon le domaine (neurologie, sociologie, psychiatrie, psychologie…) qui tente d’y répondre. Pour ma part, seule la psychanalyse m’a convaincue de son apport sur les causes en profondeur des raisons de la dépendance que j’ai vais essayer de synthétiser ici dans ce court essai.
D’abord, la chose fondamental à retenir sur ce sujet et qui fait consensus pour tous quelque soit le domaine d’analyse c’est que la personne dépendante sous toutes formes d’addictions est une personne qui souffre, d’une véritable souffrance psychique et que son geste est là comme un procédé auto-calmant, une sorte de bricolage que la personne s’est inventée pour combler quelque chose. Mais quelle est cette chose ? un traumatisme, un deuil, un manque d’amour, un manque de soutien ?
N’y aurait il pas un dénominateur commun entre toutes ces situations qui font que certain(e)s plongent dans l’alcoolisme. Freud nous apporte des éléments de réponse. Selon lui, des événements de deuil de perte de rupture vécus par l’adulte (divorce, décès d’un proche, départ en retraite, déménagement, naissance d’un enfant) viennent réactiver des événements antérieurs traumatiques vécus lors de l’enfance. Il s’agit de la théorie de l’après coup, un événement même mineur et parfois même positif devient traumatique à partir du moment où il vient rappeler un événement antérieur vécu pendant le jeune âge qui n’a pu être intégré par le psychisme du fait d’une immaturité psychique et qui a fait l’objet d’un refoulement. Ainsi des événements traumatiques intervenus lors de l’enfance, des événements même mineurs (tels que la perte d’un animale familier, le déménagement de la famille, l’arrivée d’un autre enfant dans la famille) ou plus graves (la maladie, le décès d’un parent, d’un frère, d’une sœur….) n’ont pu être intégrés psychiquement au moment des faits où ils se sont produits. Ces événements sont restés silencieux, logés dans l’inconscient et qu’un événement survenant bien des années plus tard vient réactiver. La souffrance en devient alors tellement prégnante que le refuge dans l’alcool peut apparaitre comme une solution d’apaisement à défaut de pouvoir y mettre du sens.
Il existe aussi une autre hypothèse également qui pourrait agir au niveau des addictions, cette fois Freud pose la détresse du nourrisson (Hilfosigkeit en allemand), qui se traduit par une certaine vulnérabilité que le nourrisson ressent en lui : le nourrisson ne doit sa survie physique qu’aux bons soins d’un adulte, de la mère le plus souvent et c’est la peur de l’abandon : « que vais-je devenir si ma mère ne s’occupe pas de moi, si elle ne me nourrit pas ?, je suis alors condamné à mourir ». Cette détresse du nouveau né ne s’efface pas avec l’âge, elle reste au plus profond de chaque individu, elle continue d’ailleurs à se manifester même à l’âge adulte lors de situations tendues, de changements, elle est cependant plus ou moins contenue selon les individus et selon les aménagements psychiques que chaque individu a mis en place pour lutter (intellectualisation, arts, humour etc….). Cependant, dans le cadre de la personne en situation d’addiction, cette détresse du nourrisson pourrait être si intense, si peu aménagée, que la personne a du mal à la contenir. Ainsi le geste de s’enivrer serait alors un remède, une lutte contre cette angoisse comme un manque qui s’exprime dans une sorte de régression orale. Une sorte de retour en arrière de la première étape dans la construction de l’individu où une fois l’estomac plein de lait, le nouveau né s’endort apaisé, l’addiction à l’alcool pourrait alors être ce retour en arrière, de faire revivre ces moments d’apaisement.
Donc, pour résumer, l’addiction pourrait être la conséquence d’angoisse liée à des événements traumatiques mal mentalisées voir à un sentiment d’abandon, de détresse. Le recours à la boisson serait donc un agir à défaut d’une mentalisation, quelque chose qui ne peut être que de l’ordre d’une répétition infinie de cet agir et que l’on appelle : addiction.
Patricia
Source :
« psychanalyse des addictions » de Gérard Pirlot professeur chercheur à l’Université du Mirail aux éditions Armand colin 2013
« sur les addictions » de Ferenczi aux éditions petite bibliotheque Payot